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Basset Hound

« Flairant l'éternité de son museau difforme,
Là, dans l'ombre, à tes pieds, homme, ton chien voit Dieu. »

  • Victor Hugo






« Dans Avalon le chien est un élément déterminant du scénario. C'est un personnage qui peut porter un regard extérieur sur le monde des hommes. Il est le mètre étalon auquel on peut se référer. La manière dont Hollywood utilise les animaux pour en faire des personnages quasi humains est, pour moi, inintéressante. C'est au contraire le contraste, la comparaison entre le chien et l'humain qui est intéressante. Parvenir à représenter un chien dans son intégrité de canidé est une gageure. Mais si l'on réussit à représenter fidèlement l'animalité, cela signifie que l'on peut exprimer toute la gamme des sentiments allant du bestial à l'humain. Reste ensuite à tenter de décrocher l'éventail d'émotions allant de l'humain au divin. Beaucoup trop de films se contentent de représenter des hommes. Pour moi c'est très insuffisant pour espérer pouvoir dévoiler la complexité du monde. Pour porter un jugement précis sur les choses, nous avons besoin de points de repère. Dans un film, c'est le devoir du cinéaste de les donner aux spectateurs. Par ailleurs, pour moi, le chien est le symbole de la réalité. Il vous attend lorsque vous rentrez chez vous. Il a besoin de vous dans le monde réel. Les gens qui ne veulent pas croire que quelqu'un puisse avoir besoin d'eux ne vivent pas dans la réalité. J'ai du mal à imaginer la vie sans mon chien. Si un jour le chien disparaît, ou ce qu'il représente, c'est que la réalité aura lâchée prise... On me demande souvent pourquoi dans Avalon il y a un chien sur l'affiche annonçant le concert. L'affiche est en deux dimensions. Or, dans le film, les éléments en deux dimensions représentent le virtuel. Mais le chien est-il réel ou non ? Quand Ash tend la main pour toucher le chien sur l'affiche, elle ne parvient pas à atteindre le véritable chien. Le chien qui est le fondement de sa réalité existe toujours, mais de « l'autre côté » de l'endroit où elle se trouve, en dehors de sa réalité...»
  • Mamoru oshii




RÉSONANCE CANINE :

  • Avalon / Gray Lady : Dans une ville terne où les hommes ne sont plus que les ombres d'eux même, la dame en gris cuisine avec un amour scientifique un plat royal pour un chien divin.


  • Innocence / River Of Crystals : Chanson composée par Kenji Kawai et interprétée par Kimiki Itho. Elle apparaît en fond sonore lors de ce passage évoquant l'intimité mélancolique du cyborg Batou.





© nibreh
A LA RECHERCHE DE GABRIEL :

Le Basset Hound : un personnage récurrent de la filmographie de Mamoru Oshii. Le meilleur ami de notre cinéaste solitaire répond dans la vrai vie au nom de Gabriel. Dans un entretien accordé au webzine culturel Fluctuat pour la sortie d'Avalon en 2001, Mamoru Oshii précise : La femme est pour moi le second plus grand mystère, après le mystère du chien. Avant, elles ne m'intéressaient pas du tout. L'humanité, plus généralement, ne m'intéressait pas. A mes yeux, le sujet ultime reste le chien.

La religion fondamentale du Japon est le shintoïsme, culte polythéiste animiste caractérisé par la croyance en des dieux ou esprits supérieurs (kami) qui peuplent tous les lieux et habitent toutes choses. Ainsi, les poissons ou les oiseaux sont des figures mythologiques et symboliques qui viennent régulièrement se greffer dans l'imagerie des films de Mamoru Oshii. On retrouve même cet anthropomorphisme jusque dans le design et le mouvement de certains véhicules aériens ou terrestres, notamment dans Innocence.

La présence du chien n'est absolument pas anodine dans des films comme Avalon ou Innocence, où deux situations similaires se font écho mettant en scène l'intimité des personnages avec leur fidèle compagnon. Bien au contraire, le chien est cité dans ces derniers comme faisant partie intégrante du discours, et résonne en contraste ou en complément avec ce dernier. L'animal n'est pas ici un simple automate (Descartes) mais plutôt un guide spirituel au sein de l'univers dans lequel il s'insère. Ses apparitions à l'écran, sources de réflexion pour le spectateur, sont aussi des points de repères ou d'ancrage pour des personnages sujets à l'introspection.

C'est un être surnaturel et mystérieux, empreint d'affection pure et de sagesse dans un monde froid et désincarné, et qui possède ce caractère divin dont l'innocence et la candeur seraient la clef pour saisir la réflexion d'un réalisateur pessimiste à propos des chemins empruntés par le genre humain.


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