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Mobile Police Patlabor, les 20 ans de la série
Écrit par Zêta Amrith pour le site mata-web, 31.03.2008


A la fin des années 80's, les pôles ont finalement fondu. Le niveau des océans a grimpé et plusieurs villes côtières en ont subi les conséquences. Parmi elles, Tokyo du fait de sa surpopulation étouffante est contrainte de réagir par un programme de construction urbaine sans précédent : le Projet Babylone. Sa principale mesure consiste en l'édification d'un sol artificiel au-dessus de la mer, sur lequel prolonger la cité à volonté. Mais le chantier s'avère si pharaonique qu'un nouveau type de robots industriels, les Labors, voit le jour vers la fin des années 90's pour aider aux travaux terrestres et aquatiques. Peu à peu leur usage initialement civil se répand dans de nombreux corps, à commencer par l'armée.

Toutefois, le Projet Babylone est moteur de tensions. Lorsque des groupes éco-terroristes détournent les Labors pour les mêler à des opérations de sabotage, les pouvoirs publics constatent bon gré mal gré l'émergence d'un nouveau problème à l'échelon national.

Pour faire face aux nouvelles formes de criminalités impliquant les Labors, la Seconde Section des Véhicules Spéciaux est mise sur pieds au sein de la police : elle dispose de Labors de Patrouille, ou Patlabor, a été reléguée au milieu de nulle part et se coltine systématiquement les cas dont personne ne veut. Dans ce contexte, nous suivons la jeune pilote Noa Izumi, qui vient d'intégrer l'Unité Deux.





LES ORIGINES D'UN PROJET MULTIMÉDIA :

En 1979, Mobile Suit Gundam est diffusé à la télévision. C'est la révolution du Real Robot (1) qui commence, mais Masami Yuuki est encore dubitatif. Ce jeune mangaka, bien que conquis par la série, estime alors qu'une oeuvre qui se prétend réaliste ne peut pas être sans arrêt pessimiste et torturer ses personnages à longueur d'épisodes. Il souhaite créer un nouveau genre de Robot Anime, dans lequel les robots font désormais partie de la vie quotidienne, que tout le monde ou presque peut potentiellement piloter. Il rêve d'un anime racontant les pérégrinations ordinaires d'adultes un peu perdus et non pas les énièmes émois d'adolescents révoltés. Dès 1981, Yuuki rédige ainsi plusieurs dossiers de présentation accompagnés d'ébauches de design qu'il destine au studio d'animation Sunrise : ses concepts de séries, situés quelquepart entre Mobile Suit Gundam et Dirty Pair, sont systématiquement refusés les quelques fois où il ose les envoyer.

En 1983, Yuuki rencontre Yutaka Izubuchi, directeur éditorial d'une revue d'animation et qui bénéficie de quelques précieux contacts pour débloquer la situation. Les deux hommes forment désormais l'entité Headgear, qui s'enrichira plus tard de trois autres associés. Décidés jusqu'à l'obsession, ils retravaillent profondément les fondamentaux de la série qu'ils ont rebaptisée Patlabor, lui ôtent ses éléments les plus science-fictionnels, améliorent les design préliminaires du dossier, laissent tomber l'idée d'une héroïne sexy et resituent la fiction sur Terre et non dans l'espace. Progressivement, ils s'entourent d'un staff virtuel qui leur offre de participer volontiers à l'anime s'il se fait un jour - étrange situation dans laquelle chacun se précipite pour collaborer à une oeuvre fantôme. Face à ce qui semble être une équipe déjà constituée autour d'un projet qui n'a reçu aucun aval, Bandai Visual accepte de mettre la main à la poche et c'est finalement le Studio Deen qui prêtera ses animateurs à la série d'OVAs Patlabor, pour sept épisodes endiablés.

Mais la production ne débute pas immédiatement. Le groupe créatif Headgear, définitivement formé avec ses cinq comparses dont le très cérébral Mamoru Oshii, songe maintenant à une stratégie d'ensemble : le multimédia. L'idée, répandue de nos jours mais neuve à l'époque, consiste à décliner Patlabor sur plusieurs supports narratifs en même temps, et suivant un calendrier précis. C'est ainsi que parallèlement à la série d'OVAs est lancée la publication du manga officiel dans Shonen Sunday Weekly Magazine, deux facettes d'un même récit apportant chacune leur petit plus par rapport à l'autre. Plus novateur, une seconde équipe, issue du studio Production IG, travaille à un long-métrage dont la sortie doit coïncider avec la parution du dernier épisode de la série d'OVAs.

Bien plus qu'un cauchemar logistique terrible, cette méthode va se révèler d'une efficacité promotionnelle sans pareille et ouvrir la voie à un torrent de projets multimédias dans l'anime, instoppable cinétique qui continue encore aujourd'hui. Toutefois le procédé appliqué à Patlabor n'est pas seulement mercantile : chaque support va développer des caractéristiques propres, de la série télévisée grand-public et légère aux films adultes et très sombres. Quoiqu'il en soit, dès avril 1988 et le premier épisode paru en LD, impossible de ne pas parler de Patlabor.

  • (1) Real Robot : dans l'animation japonaise, désigne les robots utilisés de manière réaliste, à des fins militaires et/ou commerciales, souvent produits à la chaine, et dépendants de problèmes de munitions et de carburants. Un exemple courant restent les robots Gundam de Yoshiyuki Tomino. Le terme opposé est Super Robot, qui sert à désigner les robots "héroiques" tels qu'on en rencontre dans les séries de Go Nagai (Goldorak, Mazinger, Getter Robo...)




UN COLLECTIF NOMMÉ HEADGEAR :

Pour mener à terme le projet, les cinq principaux créateurs de Patlabor se sont regroupés sous le nom d'un collectif éphémère : Headgear. Ainsi la paternité de l'univers Patlabor n'est jamais créditée d'un nom mais de celui d'une équipe. Nombre de ses membres étaient déjà des valeurs sûres de l'anime, ou s'apprêtaient à le devenir.

Masami Yuuki : Créateur du concept original, il est le mangaka à la base de la franchise Patlabor. Il est aussi l'auteur du manga, dont la publication de 1988 à 1994 comptabilise 22 volumes. Parmi ses autres manga à succès, on peut citer Birdy The Mighty et Ultimate Superman R. Yuuki est réputé pour ses histoires mêlant dessein global et tranches de vie comiques.

Mamoru Oshii : Demi-dieu que l'on ne présente plus, pionnier de l'animation pour adultes, connu pour son intransigeance, son caractère engagé, sa sévérité. Oshii est un réalisateur d'anime génial, un scénariste ultra-compétent, un emmerdeur antipathique, un touche-à-tout également rôdé au film live. Dans son ascension, il admet que Patlabor a joué un rôle crucial. Il en a réalisé la série d'OVAs originale, les deux premiers films, et contribué au scenario de la série télévisée, de la seconde série d'OVAs et des court-métrages de Mini-Pato. Parmi ses oeuvres cultes, on peut citer arbitrairement la comédie Urusei Yatsura 2, l'expérimental Angel's Egg ou les deux long-métrages animés de Ghost In The Shell.

Yutaka Izubuchi : Designer exceptionnel, occasionnellement scénariste lorsque le temps le lui permet, Izubuchi a élaboré les différents robots et presque tous les engins mécaniques du monde de Patlabor. A son palmarès, on retient le mecha-design de plusieurs séries Sunrise dont Aura Battler Dunbine et Gasaraki. RahXephon constitue sa première vraie réalisation.

Kazunori Itoh : Itoh est le scénariste en chef de la première série d'OVAs et des deux premiers films de Patlabor. Il a également fourni quelques scripts versatiles pour la série télévisée et la seconde série d'OVAs. En dehors de Headgear, il a scénarisé quelques anime de son complice Oshii et d'autres plus populaires et appréciés des plus jeunes tels que Magical Angel Creamy Mami ou .hack//SIGN.

Akemi Takada : Epouse de Itoh, elle est le chara-designer de l'équipe de 1988 à 1993. Célèbre chez les anime-fans des 80's, elle est notamment à l'origine des personnages de la version animée de Kimagure Orange Road. Pour Patlabor, la consigne était à la création de protagonistes sans réel sex-appeal, pas mignons pour un sou, cimentés dans un relatif réalisme.

Kenji Kawai : Il n'est pas membre de Headgear mais il a composé les musiques de tous les anime Patlabor, ce qui fait de lui l'unique créatif impliqué sur tous les volets de l'aventure, avec Izubuchi. C'est un musicien reconnu, souvent présent sur les long-métrages de Oshii, mais aussi sur des anime télévisés comme Jinki : Extend et sur des films live dont le fameux Ring.



APERÇU D'UNE GALERIE :

La fiction reste avant tout centrée sur ses personnages. Aperçu rapide de quelques-uns d'entre eux et de deux robots emblêmatiques. Bien d'autres protagonistes et mechas bipèdes apparaissent durant l'anime. Il serait évidemment trop long de les énumérer.

Noa Izumi
D'une certaine manière, héroïne principale de l'anime. Nouvelle recrue de l'Unité Deux, c'est une fan enthousiaste des Labors, et particulièrement de son Ingram AV-98 qu'elle a baptisé Alphonse d'après son dernier animal de compagnie décédé. Elle a tendance à s'engager dans une compétition avec les autres membres féminines de sa brigade.

Asuma Shinohara
Partenaire de Noa, Asuma est le fils du PDG de Shinohara Heavy Industries, la firme qui produit les Labors utilisés par la police. Il est néanmoins fâché avec lui et refuse de le revoir. Bien que compétent, il râle fréquemment contre autrui et donne parfois l'impression de ne pas se plaire là où il est.

Isao Ohta
Gros bourrin surexcité par excellence, Ohta est passionné par les armes à feu et souhaite toujours résoudre les problèmes en vitesse et par la force. Il croit beaucoup en une justice simpliste et fait souvent l'objet de moqueries de la part de ses collègues. Au fond, c'est une bonne poire au coeur d'or.

Shinobu Nagumo
Capitaine de l'Unité Un, également équipée en Labors policiers. Professionnelle, elle est aussi indépendante et n'hésite pas à protester contre ses supérieurs. Elle semble parfois jalouse des résultats de l'Unité Deux, qu'elle pense favorisée par la hiérarchie.

Kiichi Gotoh
Nonchalant, le Capitaine Gotoh qui ennuyait l'administration a été affecté à la tête de l'Unité Deux. Bien qu'il semble être désintéressé de tout et qu'il aime à manipuler ses hommes pour s'épargner le sale boulot, il est en réalité extrêmement intelligent. Son passé est un véritable mystère.

Ingram AV-98
Robot vedette de l'anime, fierté de l'Unité Deux qui en détient trois exemplaires. Il dispose d'un revolver 37mm et d'une matraque électrique et se rend sur le lieu d'incident via un véhicule motorisé nommé Labor Carrier.

Type J-9 Griffon
Robot expérimental conçu par des dissidents de Schaft Industries, la firme numéro un du business des Labors militaires. Son inventeur l'utilise comme carte de visite pour vendre son savoir-faire. Il cause de nombreux soucis à la Seconde Section des Véhicules Spéciaux.


UN ANIME ET PLUSIEURS CHRONOLOGIE :

Basiquement et sans entrer dans les nuances, Patlabor se décompose en trois continuités distinctes :
- le manga
- la première série d'OVAs et les films
- la série télévisée et la seconde série d'OVAs
Chacune possède son propre ton et s'adresse à un public différent. Tandis que la série télévisée est largement humoristique et plutôt bien fournie en action, les films eux se consacrent à des intrigues d'une grande noirceur et revêtent une certaine complexité. Il convient donc de déterminer par quels segments débuter une découverte.

PATLABOR : THE OVA SERIES (1988-1989)
Production > Studio Deen
Réalisation > Mamoru Oshii et Naoyuki Yoshinaga
Durée > 07 Episodes


Première série Patlabor, l'une des pierres angulaires qui a donné ses lettres de noblesse au média OVA. Elle est l'anime le plus équilibré de la nébuleuse, chargé en humour, mais également réceptif aux thématiques des long-métrages, notamment au sujet terroriste sous toutes ses formes. Le peu de scènes impliquant des Labors joue certainement en faveur de leur grande qualité technique et le compromis entre les genres fonctionne à bon régime. Le curseur sur les relations inter-personnelles des protagonistes, souvent comique ou attendrissant, était rarissime dans le Robot Anime de l'époque.

PATLABOR THE MOVIE (1989)
Production > Production IG
Réalisation > Mamoru Oshii


Le suicide d'un homme mystérieux sur un chantier du Projet Babylone déclenche une suite d'évènements qui va mener Tokyo au bord de l'apocalypse. Parallèlement, Noa Izumi et Asuma Shinohara de l'Unité Deux enquêtent sur le dysfonctionnement de plus en plus courant de certains Labors qui mettent en péril la sécurité publique et économique du Japon...

Mamoru Oshii livre sa version personnelle de Patlabor : une tribune à ses réflexions alambiquées sur le devenir de la société japonaise. Film précurseur, il traite de sujets en avance sur son temps avec une emphase scénaristique sur les virus informatiques, la compétition industrielle, le tout matiné d'un spleen ésotérique, et comme souvent avec le réalisateur, le scenario s'interroge de manière sous-jacente sur le cul-de-sac vers lequel nous entraîne la dominante consumériste de la civilisation moderne. Le focus de l'individu oppressé par un monde bureaucratique et froid est pregnant tout au long de l'anime. Peu de séquences de robots, hormis un duel final digne des meilleurs westerns, pas de grands coups d'éclats pour amateurs de baston mais un scenario qui mérite amplement le détour. Le style de Oshii n'est pas encore totalement affirmé, mais ce que le film perd en charisme, il le gagne indubitablement en rythme. Assurément un film-culte.

PATLABOR : THE TELEVISION SERIES (1989-1990)
Production > Sunrise
Réalisation > Naoyuki Yoshinaga
Durée > 47 Episodes


La série télévisée de Patlabor, réalisée dans la foulée du long-métrage pour capitaliser sur sa popularité. Le ton est beaucoup plus enjoué, comique, les scenarii sont nettement plus rudimentaires et conçus pour séduire un auditoire plus jeune. L'aspect éminemment politique des films est ici réduit à sa plus simple expression, et la routine des histoires indépendantes est modestement compensée par l'arc classique dit du Griffon. Cette version grand-public, la plus dotée en combats de robots, marquera moins les esprits que sa grande soeur cinématographique mais aura son fandom dévoué outre-Atlantique au début des 90's : elle sera l'objet d'une consommation parallèle via échanges de vidéos et rencontrera un fort succès souterrain par ce biais. Ainsi, la série jouera un rôle considérable dans l'essor d'un noyau puriste de l'animation japonaise aux Etats-Unis. La série s'achève sans réelle conclusion mais...

PATLABOR : THE NEW OVA SERIES (1990-1992)
Production > Sunrise
Réalisation > Naoyuki Yoshinaga
Durée > 16 Episodes


... reprise et fin de l'arc du Griffon, entamé lors de la série télévisée, puis retour aux épisodes isolés. Ceux-là sont particulièrement déjantés et les OVAs ne lésinent pas sur les cas absurdes : les chats abandonnés côtoient les idylles du passé, les rages de dent, les parodies de Ultraman et les traques de yakuzas dans les bains publics. Différent des autres, le dernier épisode conclue l'histoire sur une note mélancolique, éloignée du caractère assez trépidant voire aberrant de l'ensemble de la série. Egalement appelé P-Series pour être distingué de la première série d'OVAs, l'anime est de bonne qualité mais se signale par son ton décalé.

PATLABOR 2 THE MOVIE (1993)
Production > Production IG
Réalisation > Mamoru Oshii


La destruction d'un commando de Labors des Nations Unies en Asie du Sud-Est marque le commencement d'une action terroriste dont la cible désignée est Tokyo. L'Unité Deux doit éviter qu'une figure révolutionnaire ne mette à terre les structures institutionnelles et gouvernementales du Japon. Shinobu se sent particulièrement concernée par l'affaire...

Les fans de Mamoru Oshii considèrent souvent que le second volet de Patlabor, vaguement adapté d'un arc présent dans la première série d'OVAs, représente son apogée artistique. Plus personnel et complexe que jamais, avare en action, le film apparaît comme une longue et fascinante digression sur le sens de la paix pour une génération qui n'a rien connu d'autre. Véritable héroïne du film, Tokyo symbolise cette prospérité que la civilisation de la sur-consommation tente de faire passer pour acquise. Mise à mal par un terroriste également agitateur de consciences, elle est le fil rouge de la narration tandis que les personnages passent au second plan. La réalisation, d'un cran supérieur, très lente, presque contemplative, signe l'acte de naissance du Oshii actuel, alors que le script très dialogué brasse un grand nombre de questions loin d'être évidentes. Avec ce chef-d'oeuvre de l'animation pour adultes, le cinéaste démontre le potentiel politique de Patlabor.

PATLABOR : MINI-PATO THEATRICAL SHORTS (2002)
Production > Production IG
Réalisation > Kenji Kamiyama
Durée > 03 Episodes


Oyé-oyé le Capitaine Gotoh va vous expliquer vite fait comment fonctionnent les armes hasbeen des Labors. Puis Shigeo le mécanicien vous racontera pourquoi Patlabor est révolutionnaire et pourquoi la série aurait mieux fait de causer câbles et matériaux conducteurs. Enfin Shinobu vous dira ce qu'elle pense de la nourriture de l'Unité Deux...

Flip-flop Animation. C'est la façon dont Mamoru Oshii, à l'origine du projet dont il a rédigé les dialogues, décrit le procédé utilisé dans ces court-métrages Super-Deformed aux allures de sketches parodiques. A la lisière du dessin animé, du découpage et du spectacle de marionnettes, ces trois anime d'une bonne dizaine de minutes chacun, fichtrement originaux dans leur conception, furent projetés en salles en préambule du troisième film. Le qualificatif délirant paraît ici un euphémisme tant les références à toute la saga et les private jokes pleuvent à la minute, sans parler des clins d'oeil à d'autres anime, destinant le produit aux fans confirmés sinon rien. A la réalisation on trouve Kenji Kamiyama, nouvelle coqueluche de Production IG et responsable de séries majeures telles que Ghost In The Shell Stand Alone Complex ou récemment Seirei No Moribito.

WXIII : PATLABOR 3 THE MOVIE (2002)
Production > Madhouse
Réalisation > Fumihiko Takayama


Les inspecteurs Hata et Kusumi enquêtent sur le sabotage de plusieurs Labors sous-marins aux alentours de la Baie de Tokyo. Ils découvrent l'implication d'un laboratoire et de diplomates américains dans ce qui ressemble à la création concertée d'une arme biologique d'un nouveau type. Le dernier spécimen, baptisé Wasted Thirteen, est particulièrement intriguant...

Injustement sous-estimé car réalisé par un débutant de Patlabor, Fumihiko Takayama, le troisième opus filmique est librement adapté d'un arc populaire du manga, et de facto très différent de ses prédécesseurs. Moins politisé, plus accessible, c'est un film de monstre à mi-chemin entre The Host et le polar traditionnel, qui se situe temporellement entre les deux autres long-métrages. Caractéristique singulière qui fait à la fois son charme et son originalité, c'est une side-story où les personnages habituels de Patlabor n'ont qu'une quinzaine de minutes d'apparition au total, tandis que deux personnages extérieurs se partagent la vedette. La musique sourde et angoissante de Kenji Kawai est la plus aboutie de la saga, et la réalisation sombre et liquide, sans être aussi reconnaissable que celle de Mamoru Oshii, est assez impressionnante. Un bilan plus qu'honorable pour ce serpent de mer dont la production aura accumulé les reports pendant sept ans.



CONCLUSION A PLUS D'UN TITRE :

Depuis 2002, aucun nouvel anime n'est venu réalimenter la franchise. Les fans attendaient une annonce-surprise en 2008 mais celle-ci ne s'est jamais manifestée. Serait-ce bel et bien le terminus pour Mobile Police Patlabor ? Yutaka Izubuchi veut croire le contraire, mais rien ne permet d'affirmer qu'un nouveau projet estampillé Patlabor intéresse encore les investisseurs, dans le contexte d'une animation japonaise dont les tendances lourdes ont connu des évolutions drastiques au début des années 2000.

Il serait néanmoins préjudiciable d'oublier aujourd'hui à quel point Patlabor était précurseur, préfigurant plusieurs pans de l'industrie alors balbutiants : le boom du marché de l'OVA, l'émergence des radio dramas, des light novels dérivés, le multimédia dans son ensemble doivent une fière chandelle à l'équipe défricheuse Headgear. Autre héritage important de la saga, celui d'un anime qui sut dépasser les clivages de l'âge et du genre, ayant séduit indistinctement jeunes et moins jeunes, garçons et filles, grâce à son emphase sur des personnages du quotidien, de ceux qu'il ne serait pas inconcevable de croiser dans la rue. Si Mobile Suit Gundam avait ouvert la voie à un Robot Anime tourné vers ses protagonistes, c'est bel et bien Patlabor qui aura, mieux que ses prédécesseurs, démontré l'énorme potentiel de cette orientation à part.

En France, les trois films de Patlabor et les court-métrages de Mini-Pato sont disponibles chez Asian Star, dans un coffret de qualité moyenne mais proposé à un prix modéré. La publication du manga aux Editions Kabuto a été précocément interrompue au Tome 18.


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